Beau et gentil vieux Metz

« Mon vieux Metz était beau, était gentil. Mais n’est-ce pas encore aujourd’hui la plus belle et la meilleure des villes ? Gravissez le Saint-Quentin – au crépuscule ou à l’aube, car l’un a ses charmes et l’autre ses splendeurs – et voyez comme la câline Moselle sait flatter la cité. Voici l’aristocratique carré de notre vieux parlement, devenu palais de justice, tout doré sous la caresse du ciel ; le clocher effilé de Saint-Martin, les deux tours élégantes de Sainte-Ségolène ; d’autres doigts de Dieu encore et, enfin et surtout, notre glorieuse cathédrale qui tant de fois a pleuré et si souvent a tressailli d’allégresse. Du Haut-de-Sainte-Croix, les maisons semblent descendre, et monter du Moyen-Pont et de Saint-Vincent. On dirait que de partout elles accourent pour se serrer autour du vieux moutier protecteur.

« Il n’y a pas de ville qui sache se faire aimer comme Metz. » Notre coeur nous l’avait dit bien avant que Barrès l’ait écrit. »

Paul Durand, En passant par la Lorraine / Gens et choses de chez nous 1900-1945, éditions Le Lorrain

PontRoches

La religion de nos pères, par Maurice Barrès

CBaudoche« Pour ces Messins, depuis trente-sept ans, il n’est pas de meilleur plaisir que de dresser les monuments du souvenir sur tous les plateaux du pays, ni de souci plus jaloux que de protéger leur cathédrale. Chacun d’eux recueille les moindres épaves des champs de bataille, s’attache à l’entretien des ossuaires, surveille avec inquiétude les entreprises, les menées des vainqueurs protestants autour de la vieille basilique, et veut qu’elle demeure dédiée au dieu des Messins. Voilà leur piété, voilà leur fierté ! Au fond de ces coeurs vivent toujours les idées qui inspirèrent les deux plus grandes fêtes du Moyen Âge catholique : la fête en l’honneur des saintes Reliques et celle pour la Dédicace de l’église. Avec quelle amitié minutieuse nos pères, jadis, consacraient chaque partie du bel édifice ! De quelle vénération, enthousiaste et confiante, ils entouraient les moindres restes de martyrs, des héros. Aujourd’hui, ces deux idées ne sont plus comprises qu’imparfaitement ; on les délaisse, mais sous la cendre qui les recouvre, le moindre souffle les ravive. Elles composent peut-être la religion naturelle de notre race, ce qui s’éveille dans la partie mystérieuse de chacun de nous et qui nous réunit, les uns les autres, au choc d’une émotion de douleur et de joie. Ces nobles revenantes, ces pensées éternelles animent, ce matin, la foule. »

Evocation d’une messe de commémoration à la cathédrale pour les soldats morts pendant le siège de Metz de 1871 dans Colette Baudoche, histoire d’une jeune fille de Metz de Maurice Barrès, réédité en 2012 par les Editions des Paraiges